05.10.2024
Tempo Giusto
Tempo Giusto
I have the immense joy of playing Mozart’s 23rd Concerto, K488, this week with the Philharmonia Orchestra and Andrew Manze. Finding -your- tempo in the sublime second movement is a subtle quest.
This Adagio, filled with melancholy, sometimes borders on serene despair: its denuded structure is poignantly simple. Yet, despite its gravity, we hear a slow siciliana that imposes an inner, imperceptible movement. Like a heartbeat, it must move forward perpetually, resisting the temptation of contemplation. As I often say, it’s about this movement of life that must never stop: demanding a delicate balance between suspension and progression.
“The slow movement is a kind of siciliana or a slow forlana, dreamy, collapsed, wallowing in its despair.” – Olivier Messiaen
And today, I pause on a question that often haunts me: how does one find the right tempo?
Is it an immutable ideal, or does it adapt to the pulse of the moment? It’s tempting to believe that a perfect tempo exists, a sort of absolute balance that would transcend the work and existence itself. But that would be an illusion. Or rather, yes, that tempo exists! It simply cannot be measured by a metronome: it changes, it evolves, it lives! It’s the one that resonates with who we are at that precise moment.
Tempo is a matter of breath, of life. It feeds on our energy, the emotions that pass through us, the thoughts that inhabit and inspire us. It reflects our doubts and our convictions, and sometimes, often, the mystery we experience. Today, it may be more contemplative, tomorrow perhaps more vibrant, and that is precisely what makes each interpretation unique.
The “right” tempo is the one that knows how to convince, that captures the essence of the moment and breathes it into the listener. Perhaps another performer would have played it differently, dreamed of a different pace, a different intensity. But beyond personal preferences, what is important and will remain, is having touched the soul, having offered a moment of beauty and emotions, having succeeded in creating an encounter, ephemeral, with the Other.
And at the end of the concert, whether we discuss tempo or interpretive choices; the ultimate question always remains the same: did we succeed in moving the audience? In captivating them? In offering a bit of that “beauty” that transcends all differences in taste, ideals, and concepts? The true tempo giusto is not measurable; its truth reveals itself in its capacity to make the moment resonate, to make life come alive in that instant.”
The world of art is not a world of immortality, but a world of metamorphosis. André Malraux
J’ai l’immense bonheur de jouer cette semaine le 23eme concerto de Mozart, K488 avec le Philharmonia Orchestra et Andrew Manze. Trouver -son- tempo dans le sublime deuxième mouvement est une quête subtile.
Cet adagio empreint de mélancolie frôle parfois un serein désespoir : sa structure dépouillée est d’une simplicité poignante. Cependant, malgré cette gravité, nous entendons une sicilienne lente qui impose un mouvement intérieur, imperceptible. Comme les battements du cœur, il doit avancer perpétuellement, devant résister à la tentation de la contemplation. Comme souvent je parlerais de ce mouvement de vie qui jamais ne doit s’arrêter: exigeant un équilibre délicat entre suspension et progression.
« Le mouvement lent est une sorte de sicilienne ou de forlane lente, rêveuse, affaissée, se complaisant dans son désespoir. » Olivier Messiaen
Et aujourd’hui, je m’arrête sur une question qui me hante souvent : comment trouve-t-on le tempo juste ?
Est-il un idéal immuable, ou s’adapte-t-il à la pulsation de l’instant ? Il est tentant de croire qu’un tempo parfait existe, une sorte d’équilibre absolu qui transcenderait l’œuvre et l’existence. Mais ce serait une illusion. Ou plutôt, si, ce tempo existe! Simplement il ne se mesure pas au métronome: il change, il évolue, il vit! C’est celui qui résonne avec ce que nous sommes à cet instant précis.
Le tempo est une question de souffle, de vie. Il se nourrit de notre énergie, des émotions qui nous traversent, des pensées qui nous habitent et nous inspirent. Il reflète nos doutes et nos convictions, et parfois, souvent, le mystère que nous éprouvons. Aujourd’hui, il sera plus contemplatif, demain peut-être plus vibrant, et c’est cela même qui rend chaque interprétation unique.
Le tempo “juste” est celui qui sait convaincre, qui capte l’essence du moment et l’insuffle à l’auditeur. Peut-être qu’un autre aurait joué différemment, aurait rêvé d’une autre allure, d’une autre intensité. Mais au-delà des préférences personnelles, ce qui est important et restera, sera d’avoir pu effleurer l’âme, d’avoir offert un instant de beauté et d’émotions, d’avoir réussi à créer une rencontre, éphémère, avec l’Autre.
Et à la fin du concert, que nous parlions tempo ou choix d’interprétation; l’ultime question reste toujours la même: avons-nous réussi à émouvoir ? À captiver ? À offrir un peu de ce “beau” qui sublime toutes les différences de goûts, d’idéaux, de conceptions ? Le véritable tempo giusto n’est donc pas mesurable, sa véracité se révèle dans sa capacité à faire vibrer, à faire vivre l’instant.
Le monde de l’art n’est pas celui de l’immortalité, mais celui de la métamorphose. André Malraux
11.09.2024
Reunions
Retrouvailles
It is with great emotion that I return here to share my thoughts, reflections, and emotions. In a way, I had the luxury of being absent from all forms of social media for several years, but it is time for me to return, and I wish to do so with authenticity, sincerity , and by being humble sharing my life as an artist and my reflections on life.
And today, I revisit a long-held reflection, one that is dear to me: what does it mean to be an artist?
Does one become an artist, or is it innate?
At what point does passion, the call, the desire become imperative?
Each path is different, but one constant remains: being an artist is a vocation.
We are artists: we spend hours in front of our instrument trying to understand it; years trying to master it; constantly questioning ourselves and doubting in order to evolve throughout our lives.
We are artists: the quest is endless, the search is ongoing, and the moments of introspection are happening daily.
We are artists: we have no choice but to accept dedicating our lives to what may turn out to be a mirage, but which can also be touched; to always honor this promise of fidelity, despite the sacrifices it demands.
We are artists for that moment; the one we seek all ou life. That moment of grace that touches the soul of the audience. That taste of the divine, of magic, when our heart brushes the heart of another. And that poetic moment is worth all the lives in the world.
Art is made to trouble. Georges Braque
C'est avec beaucoup d'émotion que je reviens ici partager mes pensées, mes réflexions, mes émotions. J'ai eu, d'une certaine manière, le luxe de pouvoir être absente de toutes formes de réseaux sociaux pendant plusieurs années, mais il est temps pour moi de revenir et je souhaite le faire en partageant avec authenticité, sincérité et humilité ma vie d'artiste et mes réflexions de vie.
Et aujourd’hui, je reprends une réflexion de toujours, qui m’est chère ; qu’est-ce que cela signifie d’être artiste ?
Devient-on artiste ou est-ce inné ?
À quel moment la passion, l’appel, le désir devient-il impérieux ?
Chaque chemin est différent, mais une constante demeure : être artiste est une vocation.
On est artiste : nous passons des heures devant notre instrument à essayer de le comprendre ; des années à essayer de le maîtriser ; se remettre en question et douter pour évoluer toute sa vie durant.
On est artiste : la quête reste infinie, la recherche permanente et les moments d’introspection quotidiens.
On est artiste : nous n’avons d’autres choix que d’accepter dédier notre vie à ce qui peut se révéler être un mirage, mais qui peut également être effleuré ; à toujours honorer cette promesse de fidélité, malgré les sacrifices demandés.
On est artiste pour ce moment ; celui que nous cherchons toute notre vie. Cet instant de grâce qui touchera l’âme du public. Ce goût du divin, de la magie, ou notre coeur effleure le cœur de l’autre. Et cet instant poétique vaut toutes les vies du monde.
L’art est fait pour troubler. Georges Braque